« Internet, séries, jeux vidéo… Passons-nous notre vie à regarder des ombres ? » (L’Obs, 4 mars 2018)

« Représente-toi de la façon que voici, dit Socrate, l’état de notre nature relativement à l’instruction et à l’ignorance. Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière. Ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu’ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête… » Les prisonniers ont passé leur vie à regarder les ombres projetées sur la paroi de la caverne. Or, selon Socrate, ces hommes « nous ressemblent », et je me demande si aujourd’hui ce n’est pas encore plus vrai qu’hier… Ne passons-nous pas en effet notre vie à regarder des ombres ? Sans arrêt, du matin au soir et depuis notre enfance, notre attention est capturée par les images de nos écrans. La consultation de nos mobiles est devenue compulsive. La navigation sur internet n’a pas de fin. Le bon vieux film d’autrefois s’est allongé démesurément en séries cultes pour les uns, en jeux vidéo pour les autres. Les chaînes d’info en continu nous tiennent en haleine devant le feuilleton interminable de l’actualité. Les activités numériques prennent chaque jour en moyenne quatre heures de notre temps… »

« Méditons les grandes et petites questions de notre humanité » (L’Obs, 4 février 2018)

« Le rayonnement culturel de la France ? La Nuit des Idées organisée le 25 janvier par le ministère des Affaires étrangères à travers le réseau des instituts culturels français vient de rassembler des dizaines de milliers de personnes dans plus de cent villes à travers le monde. Sur le thème « l’imagination au pouvoir », l’opération de « diplomatie du savoir » ou de « diplomatie par la culture » a permis la tenue de centaines de débats, de spectacles, d’expositions. J’étais invité à faire deux conférences dans ce cadre à la Brooklyn Public Library de New York, j’en suis reparti avec le sentiment d’avoir participé à quelque chose de vraiment extraordinaire. Pour chaque conférence, le même scénario : imaginez une salle bondée, chaises et tables prises d’assaut par un public majoritairement étudiant et qui manifeste une qualité de concentration exceptionnelle. Les instants sont magiques. Tous sont captivés. On sent la parole résonner et faire son chemin dans chaque intériorité. On sent en même temps, dans le silence, une communion profonde… »

« Homo deus » prédit la fin de l’humanité (mais se trompe) » (L’Obs, 7 janvier 2018)

« Le best-seller de Yuval Noah Harari prophétise la fin probable de l’humanité, remplacée par le règne des intelligences artificielles. Mais quid de la sagesse ? Je viens de finir la lecture du best-seller mondial de Yuval Noah Harari, « Homo deus », dont beaucoup font des gorges chaudes mais qui m’a frappé par sa vision très nihiliste du futur. Il prophétise la fin probable de l’humanité, remplacée par le règne des intelligences artificielles. Or cette prédiction me paraît inutilement alarmiste et irrationnelle. Il croit pouvoir annoncer l’arrivée d’une nouvelle religion, celle des nouvelles technologies (génie génétique, médecine régénérative, homme augmenté, etc.) qui vont faire de nous des cyborgs immortels et nous transformer en dieux vivants. Mais curieusement sa représentation des dieux est strictement matérialiste. Il les décrit comme dans les comics de Marvel, c’est-à-dire dotés de « super-pouvoirs » qui les rendent capables « de concevoir et de créer des êtres vivants, de transformer leurs corps, de contrôler leur environnement et le temps ; de lire dans les esprits et de communiquer à distance ; de voyager à très grande vitesse… »

« Après les attentats et face aux divisions sociales, voici ce que doit être le grand changement du XXIe siècle » (Huffpost, 16 octobre 2017)

« La seconde édition du mouvement Fraternité Générale vient de s’achever. Pendant trois jours (13-15 octobre), elle a rendu visible la force, le nombre et la diversité des engagements fraternels dans notre pays : plusieurs centaines d’événements organisés partout en France (débats, concerts, manifestations culturelles, etc.) ont permis de montrer la vitalité de toutes les associations, institutions, fondations qui œuvrent au long cours pour une société moins égoïste et plus solidaire, moins repliée sur elle-même et plus ouverte. À Carcassonne, ce sont 2000 enfants des écoles qui en se donnant la main ont ceint les remparts de pierre d’un rempart humain fraternel. En mettant ainsi leurs cœurs dans leurs mains, ils ont été le point d’orgue d’une immense mobilisation de la jeunesse, symbolisée aussi par la participation d’associations phares comme Coexister ou le Tour de France des solidarités du Youtubeur star Hugo Travers… »

« Quel être humain voulons-nous pour demain ? » (L’Obs, 17 septembre 2017)

« Sans arrêt, on fait des lois, on prend des décisions, on tente des réformes mais cela semble de moins en moins orienté par une véritable idée de l’homme. En cette période de rentrée, interrogeons-nous un peu sur les grands buts que va se donner notre société pour les mois qui viennent. Et commençons par nous poser, en préalable, une question : quel être humain voulons-nous pour demain ? Lorsque j’observe nos différentes politiques publiques depuis quelques décennies, je suis étonné de voir à quel point cette interrogation fondamentale manque à l’appel. Sans arrêt, on fait des lois, on prend des décisions, on tente des réformes mais cela semble de moins en moins orienté par une véritable idée de l’homme… »

« Quelle sagesse, au présent et au futur, pour une humanité en mutation ? » (La Revue du Cube #11 spécial, « Faire Société – Quel sens ? », décembre 2016)

« Dans Comment sortir de la religion, publié en 2012, je proposais de considérer tout ce qui nous arrive aujourd’hui du côté de l’augmentation de nos « puissances » comme une mutation de la condition humaine : l’accès à ce que les religions et mythologies ont décrit de tous temps comme une « condition divine », qui n’aurait donc été que l’anticipation imagée du processus historique de notre évolution. Le problème, pour l’instant, est que nous ressemblons à de jeunes dieux fous enivrés, fascinés et dépassés par la nouvelle toute-puissance qui commence à tomber entre nos mains… »

« Allons enfants de la fratrie : la Marseillaise d’Abdennour Bidar » (L’Obs, 23 octobre 2016)

« Allons enfants de la fratrie / Le jour d’espoir est arrivé, / Entre nous de l’harmonie / L’étendard rayonnant est levé ! / Entendez-vous dans nos entrailles / Bouillir ces féroces désirs, / D’amour, de partage et d’agir / Contre les misères à la bataille ! / Levons-nous, citoyens ! / Chantons à l’unisson ! / Allons, Allons, / Que nous soyons, tous frères entre nations ! » Et si à l’heure où notre société n’en finit plus de se fracturer en séparatismes sociaux et replis sur soi, nous entonnions ensemble cette « Marseillaise » de la fraternité ?… »

« Resserrons nos liens ! » (Le Journal du Dimanche, 15 novembre 2015)

« Tous nos responsables, et tous ensemble au-delà de la classe politique, nous devons nous rappeler l’esprit du 11-Janvier et nous engager à fond pour lui être fidèles. Il faut expliquer que les terroristes cherchent à nous brier pour ce que nous avons manifesté ce jour-là : notre unité, notre capacité à répondre à la haine par l’affirmation de nos valeurs humanistes fondatrices et universelles… »

« Résistons collectivement à la haine » (Le Monde, 7 janvier 2015)

« C’est notre 11-Septembre. Il y a dans la vie d’un peuple des heures de défi. Des heures où la blessure que la haine nous inflige est si effroyable qu’elle voudrait être mortelle. Des heures d’effroi où cette blessure fait si mal, où l’horreur est si lourde à supporter que l’on sent, hélas !, la bête peureuse et dangereuse prête à se réveiller en soi…