« Pensée vivante de l’immortalité. Mohammed Iqbal » (« Réenchanter l’islam. Les voies du renouveau », Le Monde des Religions, hors-série n° 87, 27 décembre 2017)

« Mohammed Iqbal propose une vie spirituelle qui enrichit le « moi » humain jusqu’à la prise de conscience de sa divinité intime. Mohammed Iqbal (1873-1938) est à peu près inconnu en France, tant du grand public que de nos intellectuels et de la plupart des musulmans. Il est pourtant l’un des plus grands philosophes et poètes du monde musulman de l’âge moderne. On ne réparera pas ici cette ignorance fâcheuse. Mais essayons tout de même de donner une petite idée de l’originalité de sa pensée en présentant l’un des « grands chantiers » qu’il a laissés ouverts pour quiconque veut s’engager dans une pensée renouvelée de l’islam, débarrassée de ses rigidités dogmatiques et de ses pesanteurs historiques. En l’occurrence, intéressons-nous ici à sa pensée de l’immortalité. On la trouve explicitée dans Reconstruire la pensée religieuse de l’islam, une série de conférences prononcées entre 1928 et 1932.

Sur ce sujet a priori abstrait, il réussit le tour de force de transformer l’interrogation métaphysique en visée concrète pour notre vie spirituelle. Il le fait de façon d’autant plus captivante qu’il part d’une hypothèse très inhabituelle : l’être humain n’est par nature ni mortel ni immortel, mais chacun d’entre nous est plus ou moins mortel selon la vie qu’il aura menée. Selon lui, deux scénarios peuvent se produire lorsque nous mourons : soit notre individualité vient se fracasser contre le mur de la mort et explose en mille morceaux entre lesquels elle se disperse ; soit cette individualité s’est suffisamment galvanisée durant cette existence pour traverser victorieusement ce mur de la mort. Celle-ci constitue ainsi une sorte d’épreuve initiatique finale, par rapport à cette vie tout au moins. En brisant l’union de l’âme et du corps, elle vient tester la force que notre âme aura acquise pendant cette vie… »

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