« Le ramadan possède une signification de nature symbolique et initiatique » ( Le Monde, 26 mars 2023)

Jeûne, profession de foi, aumône, prière et pèlerinage à La Mecque… Le philosophe Abdennour Bidar explore le sens spirituel des cinq piliers de l’islam, objet de son dernier essai visant à expliciter la « voie d’éveil » contenue dans chacun de ces grands préceptes. 

Que l’on soit croyant ou simplement curieux d’en apprendre un peu plus sur ces rituels qui réunissent des centaines de millions de personnes à travers le monde, le dernier essai du philosophe Abdennour Bidar tombe à pic (Les Cinq piliers de l’islam et leur sens initiatique, Albin Michel, 256 pages, 8,90 euros).

A l’heure où les fidèles entrent dans le mois du ramadan, ce musulman de culture soufie – la voie mystique de l’islam – éclaire la portée symbolique de chacun des cinq piliers de l’islam : le jeûne, donc, mais aussi la profession de foi, l’aumône, la prière et le pèlerinage.

C’est la voie d’un chemin vers le « secret de l’existence » que tente d’ouvrir cet auteur de nombreux ouvrages sur la spiritualité, depuis Un islam pour notre temps (Seuil), en 2004, jusqu’à Génie de la France. Le vrai sens de la laïcité (Albin Michel, 2021).

Alors que le ramadan a débuté le 23 mars, quelle est, selon vous, la portée de ce pilier de l’islam ?

Le ramadan a traditionnellement une importance communautaire ou collective majeure, car il soude les musulmans dans un effort spirituel, celui du jeûne. Précisons d’emblée qu’il fait l’objet d’une contrainte légale : la loi religieuse impose à chaque musulman de jeûner dès lors qu’il est pubère, en bonne santé, et que cela ne le met pas en péril – ce qui peut être le cas de la femme enceinte ou de la personne âgée.

Précisons aussi que cette contrainte légale peut directement se heurter au principe de la liberté de conscience de l’individu. J’ai toujours défendu l’idée, à cet égard, que c’est à chacune et chacun de choisir librement s’il veut jeûner ou pas. Il n’y a rien de plus juste, noble et difficile que cette liberté spirituelle, qui oblige chacun à un retour sur soi et à un examen de conscience, et le conduit à se demander si telle ou telle pratique a du sens pour lui-même ou pas. C’est une école du discernement intérieur.

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Propos recueillis par Youness Bousenna
Publié le 26 mars 2023

Grandir en humanité avec Abdennour Bidar et Philipe Meirieu (France Inter, 2 septembre 2022)

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Comment faire société et accompagner par l’éducation, celles et ceux qui arrivent au monde pour qu’ils puissent se donner un avenir commun ?


Philippe Meirieu et Abdennour Bidar nous invitent dans « Grandir en humanité, dialogue sur l’école et l’éducation  » livre édité chez Autrement à entrer dans « une méditation commune, avec toutes celles et ceux qui pensent, que la civilisation d’une société dépend d’abord de la qualité de son éducation et de son école, de la capacité de celles-ci à éveiller, pour la mettre en croissance, notre commune humanité. Dans ce dialogue sur l’école et l’éducation, de nombreuses questions sont posées :  » comment « faire société », comment retisser les liens et se battre pour la possibilité réelle de vivre décemment, de trouver sa juste place dans la société, de s’accomplir, de mener une vie juste et sage ? Comment tendre vers un commun qui, cette fois, ne descendra pas d’un ciel religieux ou politique mais fera consensus parmi des humains qui se considéreront enfin comme solidaires? Comment éduquer nos enfants, dès lors qu’il ne s’agit pas de les couler dans un moule ou de leur imposer un modèle qu’ils n’auront qu’à reproduire, mais qu’il nous faut, de toute urgence, leur apprendre à s’associer pour penser et construire ensemble leur avenir ?


Bonne rentrée à toutes et à tous ! Philippe Meirieu , professeur émérite en sciences de l’éducation à l’université Lumière-Lyon, précise dans « Grandir en humanité » que « les jeunes générations nous invitent à cesser de réparer en urgence les fuites de tuyauterie de nos anciens systèmes avec l’illusion de parvenir un jour à l’école « efficace » que nous proposent les technocrates. Elles nous enjoignent de« bifurquer » délibérément, d’inventer et de mettre en œuvre avec elles une véritable alternative : une éducation à la solidarité entre les humains qui soit aussi une solidarité avec la planète. Abdennour Bidar , philosophe, inspecteur général de l’Education nationale travaille sur les notions de fraternité et de laïcité. Dans ce dialogue nourri sur l’école et l’éducation il propose , contre le découragement, l’incarnation. Autrement dit « l’effort vers un être plus, l’effort pour grandir soi-même en humanité toute sa vie durant. » « Grandir en Humanité, dialogue sur l’école et l’éducation » est édité chez Autrement.

La revue La Fraternité d’Abraham (numéro de décembre 2021) présente mon travail et mon engagement

ABDENNOUR BIDAR, PROPHÈTE DE L’ÂME

Par Patrice Obert

Membre du comité directeur de la Fraternité d’Abraham Président de Ecritures et Spiritualités et des Poissons Roses

Abdenour Bidar promène avec simplicité sa carrure de rugbyman. Grand admirateur du Clermont Université Club, il garde de sa pratique de ce sport le goût de la persévérance, l’audace de la percée, le sens du collectif. Il peut être déroutant de voir cet homme trapu développer avec brio ses réflexions intellectuelles et s’adresser, à celles et ceux qui viennent l’écouter, avec une étonnante fraîcheur de ton et l’envie de transmettre ses convictions et de leur parler du fond du cœur. On ne sort jamais indemne d’une conférence d’Abdennour Bidar.

Je n’ai pas la prétention de brosser un portrait exhaustif de ce philosophe, ancien élève de l’ENS, croyant musulman et soufi, essayiste, par ailleurs inspecteur général de l’Education nationale, plus spécialement chargé de la question de la laïcité au Ministère de l’Education nationale.

« Ce 11 janvier où la France s’est réveillée! » (Huffpost, 11 janvier 2020)

Il y a cinq ans déjà…
Il y a cinq ans déjà,
Un 11 janvier de malheur et de désarroi,

La foule unie, rassemblée,
D’une France meurtrie défilait,
Silencieuse et Sidérée…

Un attentat meurtrier,
Insupportable, injustifié,
Venait de frapper
L’une de ses voix de liberté,
Qui avait simplement proclamé
Le droit de critiquer sans trembler,

Et nous étions tous là,
Unis contre un ennemi,
Mais à la fois aussi
Désemparés et renvoyés,
Dans le miroir du désespoir,
A tous les visages si noirs
De notre société si divisée.

Nous avions entrepris alors
De nous questionner encore et encore,
De nous mobiliser partout…
Et puis ce fut tout !

Qu’avons-nous fait depuis ?
Où en sommes-nous aujourd’hui ?

L’élan fut magnifique,
De cette France tragique,
Mais le moment s’est enfui
Et le cours ordinaire de la vie
A repris.

« Il est urgent de retrouver de la sérénité dans le débat sur la laïcité » (Tribune l’Obs, 9 décembre 2019)

A l’occasion des commémorations du 9 décembre – journée anniversaire de la loi de 1905 portant séparation de l’Eglise et de l’Etat – le philosophe Abdennour Bidar, dans un vibrant plaidoyer, défend une laïcité au service d’une république démocratique.

Lire l’article sur le site de l’Obs

La laïcité au premier plan des passions françaises

Tel est le contexte général qui explique que, après un siècle ou presque de sommeil tranquille, la question de la laïcité ait fait ces dernières années son grand retour au premier plan des passions françaises. Si elle s’est imposée peu à peu depuis l’affaire des foulards de Creil en 1989 en tête du hit-parade de nos débats intellectuels, politiques, médiatiques, c’est que notre société a vécu le « retour du religieux » d’une manière spécialement sensible, douloureuse, pour deux raisons au moins.

La première raison est la nature historique du « républicanisme » français. Celui-ci est presque constitutivement hostile à l’expression sociale des identités religieuses, et plus généralement de toute identité ou appartenance particulière qui oserait concurrencer dans le champ public sa volonté de ne voir « qu’une seule tête », à savoir celle du « citoyen » ne se définissant et ne jurant que par « l’universel » des valeurs de « liberté, égalité, fraternité ». La seconde raison est le conflit frontal de ce républicanisme français avec l’invasion culturelle d’une « démocratie libérale » d’inspiration anglo-saxonne qui a réussi ici également, en France, à persuader nombre d’esprits que toutes les identités sont légitimes à s’exprimer sans frein dans l’espace public, sans quoi le néosacro-saint « individu » est fondé à hurler à la stigmatisation et à la discrimination de sa non moins sainte « différence ».

Entre les partisans de ces deux visions de la société, dont les excès sont aussi intolérants l’un que l’autre, l’antagonisme est à présent total. Ils se déchirent en particulier au sujet de la laïcité, chacun revendiquant sa juste compréhension et accusant l’autre de l’avoir dévoyée. Les républicains accusent la laïcité d’être détournée de son sens lorsqu’elle menace à leurs yeux de se faire trop « démocrate », en devenant « ouverte » à l’expression publique du religieux sur le mode des « accommodements raisonnables » du Québec.

« Libérons-nous ! des chaines du travail et de la consommation » (Blog Le Monde, 12 juin 2018)

Abdennour Bidar , docteur en philosophie, est l’auteur de plusieurs ouvrages dont « Lettre ouverte au monde musulman » et  » les Tisserands« . Déjà, dans « Plaidoyer pour la fraternité » (1)  écrit après les attentats de 2012 à 2014 , il préconise, pour faire vivre cette fraternité, dix mesures dont l’instauration d’un revenu universel.  Avec ce dernier ouvrage : « Libérons-nous des chaines du travail et de la consommation » il nous montre combien l’allocation d’un revenu universel et inconditionnel peut être une mesure émancipatrice pour l’ensemble des citoyens.