Découvrir l’interview sur le site de La Libre Belgique
Ou le télécharger ici en version PDF :
Découvrir l’interview sur le site de La Libre Belgique
Ou le télécharger ici en version PDF :
ABDENNOUR BIDAR, PROPHÈTE DE L’ÂME
Par Patrice Obert
Membre du comité directeur de la Fraternité d’Abraham Président de Ecritures et Spiritualités et des Poissons Roses
Abdenour Bidar promène avec simplicité sa carrure de rugbyman. Grand admirateur du Clermont Université Club, il garde de sa pratique de ce sport le goût de la persévérance, l’audace de la percée, le sens du collectif. Il peut être déroutant de voir cet homme trapu développer avec brio ses réflexions intellectuelles et s’adresser, à celles et ceux qui viennent l’écouter, avec une étonnante fraîcheur de ton et l’envie de transmettre ses convictions et de leur parler du fond du cœur. On ne sort jamais indemne d’une conférence d’Abdennour Bidar.
Je n’ai pas la prétention de brosser un portrait exhaustif de ce philosophe, ancien élève de l’ENS, croyant musulman et soufi, essayiste, par ailleurs inspecteur général de l’Education nationale, plus spécialement chargé de la question de la laïcité au Ministère de l’Education nationale.
A l’occasion des commémorations du 9 décembre – journée anniversaire de la loi de 1905 portant séparation de l’Eglise et de l’Etat – le philosophe Abdennour Bidar, dans un vibrant plaidoyer, défend une laïcité au service d’une république démocratique.
Lire l’article sur le site de l’Obs
Tel est le contexte général qui explique que, après un siècle ou presque de sommeil tranquille, la question de la laïcité ait fait ces dernières années son grand retour au premier plan des passions françaises. Si elle s’est imposée peu à peu depuis l’affaire des foulards de Creil en 1989 en tête du hit-parade de nos débats intellectuels, politiques, médiatiques, c’est que notre société a vécu le « retour du religieux » d’une manière spécialement sensible, douloureuse, pour deux raisons au moins.
La première raison est la nature historique du « républicanisme » français. Celui-ci est presque constitutivement hostile à l’expression sociale des identités religieuses, et plus généralement de toute identité ou appartenance particulière qui oserait concurrencer dans le champ public sa volonté de ne voir « qu’une seule tête », à savoir celle du « citoyen » ne se définissant et ne jurant que par « l’universel » des valeurs de « liberté, égalité, fraternité ». La seconde raison est le conflit frontal de ce républicanisme français avec l’invasion culturelle d’une « démocratie libérale » d’inspiration anglo-saxonne qui a réussi ici également, en France, à persuader nombre d’esprits que toutes les identités sont légitimes à s’exprimer sans frein dans l’espace public, sans quoi le néosacro-saint « individu » est fondé à hurler à la stigmatisation et à la discrimination de sa non moins sainte « différence ».
Entre les partisans de ces deux visions de la société, dont les excès sont aussi intolérants l’un que l’autre, l’antagonisme est à présent total. Ils se déchirent en particulier au sujet de la laïcité, chacun revendiquant sa juste compréhension et accusant l’autre de l’avoir dévoyée. Les républicains accusent la laïcité d’être détournée de son sens lorsqu’elle menace à leurs yeux de se faire trop « démocrate », en devenant « ouverte » à l’expression publique du religieux sur le mode des « accommodements raisonnables » du Québec.
Abdennour Bidar , docteur en philosophie, est l’auteur de plusieurs ouvrages dont « Lettre ouverte au monde musulman » et » les Tisserands« . Déjà, dans « Plaidoyer pour la fraternité » (1) écrit après les attentats de 2012 à 2014 , il préconise, pour faire vivre cette fraternité, dix mesures dont l’instauration d’un revenu universel. Avec ce dernier ouvrage : « Libérons-nous des chaines du travail et de la consommation » il nous montre combien l’allocation d’un revenu universel et inconditionnel peut être une mesure émancipatrice pour l’ensemble des citoyens.
« Le philosophe, auteur d’un « Plaidoyer pour la fraternité » (Albin Michel, 2015), réagit à la décision de la Conseil d’Etat, qui a en partie censuré, vendredi 6 juillet, le « délit de solidarité » au nom du principe de fraternité.
« Cette mesure de justice sociale et de redistribution des richesses pourrait aussi, pour le philosophe, remettre du collectif et de la spiritualité au cœur de la société. Un de ses derniers ouvrages les Tisserands (éd. Les liens qui libèrent, LLL) mettait en lumière des citoyens tentant, à leur échelle, de recréer du lien entre les individus dans notre société en crise. Dans son nouvel essai Libérons-nous ! Des chaînes du travail et de la consommation (éd. LLL), Abdennour Bidar aborde un sujet sur lequel on ne l’attendait pas forcément, lui, le philosophe membre de l’Observatoire de la laïcité plus connu pour ses travaux sur l’islam, la sécularisation ou encore la fraternité : le revenu universel.
« Dans « Libérons-nous », le philosophe Abdennour Bidar défend cette mesure. L’unique moyen, selon lui, de sortir de « l’esclavage du capitalisme ». Explications.Quelle mouche a piqué Abdennour Bidar ? s’est-on demandé en ouvrant son dernier essai. Le philosophe, chroniqueur à « l’Obs », y défend une utopie que l’on croyait enterrée pour un bon bout de temps. Le revenu universel ! L’idée semblait ne pas avoir résisté aux sarcasmes de ses détracteurs lors de la dernière campagne présidentielle. Abdennour Bidar la ressort pourtant, avec un enthousiasme communicatif, sinon convaincant.
« Et si l’idée de travailler pour vivre était déjà archaïque. Promoteur du revenu universel, le philosophe Abdennour Bidar croit à l’avènement prochain d’une société libérée de ses corvées, qui pourrait se consacrer à la plus noble des activités humaines… »