Djalâl-od-Din Rûmî (1207-1273), fondateur de la célèbre confrérie soufie, connue en Occident sous le nom de derviches tourneurs, est à la fois un grand maître spirituel – désigné dans tout l’Orient comme « Mawlânâ », le maître par excellence – un poète, un philosophe, et aussi un voyant. Ne parle-t-il pas – au Moyen Age ! – des dangers de la fission nucléaire et de la pluralité des mondes ? Il est l’auteur de plusieurs ouvrages : Odes mystiques, Quatrains, Le Livre du dedans : tous reflètent son amour de la beauté, sa nostalgie du divin. Son œuvre principale, le Mathnawî, vaste théodicée, qui constitue le plus profond commentaire ésotérique du Qor’an, est encore lue et méditée dans tous les pays de l’Islam presque à l’instar du Livre saint lui-même. Écoutez le podcast…
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« Sagesse et philosophie » dans « Cultures d’islam » (France Culture, 24 avril 2016)
Professeur de philosophie, docteur en sciences religieuses et chercheur associé au Laboratoire d’études sur les monothéismes, Mathieu Terrier a consacré ses travaux de thèse à ce premier livre du Mahbûb al-qulûb. Au XVIIe siècle en Iran, un clerc shi’ite aux penchants soufis, Qutb al-Dîn Ashkevarî, achève d’écrire l’histoire universelle de la sagesse depuis le premier homme Adam jusqu’à son propre temps. Rédigé dans les deux principales langues savantes de l’Islam, l’arabe et le persan, cet ouvrage qui porte le titre de Mahbûb al-qulûb, littéralement « l’Aimé des cœurs », est pour diverses raisons resté longtemps confidentiel. Son premier volet, dont Mathieu Terrier propose ici la traduction et le commentaire, occupe une place importante dans ce que l’on peut appeler « l ’histoire de l’histoire de la sagesse en Islam », étant à la fois la dernière œuvre du genre rédigée à l’époque classique et la première composée d’un point de vue shi’ite imamite. Écoutez le podcast…
« Retour du califat » dans « Cultures d’islam » (France Culture, 17 avril 2016)
Mathieu Guidère est professeur des universités et écrivain, islamologue et agrégé d’arabe, spécialiste de géopolitique et d’histoire immédiate du monde arabe et musulman. Lorsque l’organisation de l’État islamique proclame le califat en 2014, elle signe le retour d’une institution à l’histoire plus que millénaire. Le calife, à l’origine simple successeur du Prophète de l’islam, devient une figure centrale du pouvoir, avec la mise en place de plusieurs dynasties califales : les Omeyyades à Damas, les Abbassides à Bagdad, les Fatimides au Caire, les Almohades à Marrakech, les Ottomans à Istanbul. Écoutez le podcast…
« Soif de l’essentiel » dans « Cultures d’islam » (France Culture, 10 avril 2016)
Nous voulons plus, nous voulons plus profond. Quoi ? Nous ne savons pas vraiment. C’est pourquoi cette soif s’exprime toujours de manière énigmatique : j’ai soif de vérité, d’authenticité, de profondeur. J’ai soif de Dieu, de la justice, du Bien… A côté de la soif physique, il y a une soif intérieure qui demande à être entretenue. Et un chemin est possible : une recherche de l’attitude juste. Il ne s’agit plus tant d’aller quelque part ou de faire plus que d’être plus. En s’appuyant sur certains penseurs et philosophes, d’Orient et d’Occident, ce livre éclairera les conditions de ce surplus d’être. Franco-iranien, Reza Moghaddassi est un jeune philosophe agrégé de 36 ans. Il enseigne la philosophie au Gymnase Jean Sturm à Strasbourg et participe à une initiative visant à répandre la méditation à l’école, de la maternelle au lycée. Écoutez le podcast…
« Deux pionniers du dialogue entre chrétiens et musulmans » dans « Cultures d’islam » (France Culture, 27 mars 2016)
Après les attentats contre Charlie Hebdo, Rachid Benzine et Christian Delorme, pionniers du dialogue interreligieux, lancent un cri d’alarme pour dénoncer les lieux communs et faire en sorte que l’islam puisse trouver toute sa place dans la société française. Rachid Benzine, chercheur associé à l’Observatoire du religieux de l’Institut d’études politiques d’Aix en Provence, est enseignant à la faculté protestante de théologie de Paris. Christian Delorme, prêtre en banlieue lyonnaise est une grande figure en France du dialogue avec l’islam, initiateur en 1983 de la Marche pour l’égalité des droits et contre le racisme. Auteur de nombreux livres. Écoutez le podcast…
« In memoriam Julien Weiss » dans « Cultures d’islam » (France Culture, 24 janvier 2016)
Guitariste classique français, il avait fondé l’Ensemble de musique arabe Al-Kindi en 1983 après avoir été bouleversé par l’Irakien Mounir Bachir, maître du Oud. Julien Weiss s’est éteint le 2 janvier 2015. Il était blond, les cheveux blanchis avec le temps, les traits fins, charmeur. Originaire d’Arménie et passionné des traditions orientales, Gérard Kurdjian mène depuis 25 ans, une carrière de musicien, de directeur artistique et de producteur. Il a été le fondateur et /ou le directeur artistique de nombreux festivals de musiques du monde dont le festival des Musiques du Monde d’Erevan en Arménie et le Festival des musiques sacrées du monde de Fès au Maroc… Écoutez le podcast…
« L’énergie musulmane » dans « Cultures d’islam » (France Culture, 17 janvier 2016)
Marc Cheb Sun a initié différentes contributions pour la reconnaissance d’une France multiculturelle, notamment l’Appel pour une République multiculturelle et postraciale en 2010 avec Pascal Blanchard, François Durpaire, Rokyaya Diallo et Lilian Thuram. Ou encore, en 2012, La France une et multiculturelle avec Edgar Morin et Patrick Singaïny. Il publie en octobre 2014 D’ailleurs et d’ici, l’affirmation d’une France plurielle aux éditions Philippe Rey. Le volume 2 – D’ailleurs et d’ici, l’énergie musulmane et autres richesses françaises – paraît début novembre 2015 chez Philippe Rey. Elyamine Settoul est diplômé en sociologie, sciences politiques et relations internationales. Il est titulaire d’un doctorat de sociologie politique obtenu à Sciences-Po Paris. Sa thèse réalisée au CERI analyse le phénomène de l’engagement des militaires issus de l’immigration. Ses champs d’intérêt incluent la sociologie de l’immigration, la sociologie militaire et l’aire arabo-musulmane. Écoutez le podcast…
« L’exception tunisienne » dans « Cultures d’islam » (France Culture, 10 janvier 2016)
Alors que les printemps arabes tournent au fiasco en Syrie et en Égypte, la Tunisie est sans doute le seul pays en train de réussir sa mue vers la démocratie. Les représentants de la société civile, syndicalistes, avocats et militants des droits de l’homme réunis, ont permis, en février 2014, la nomination d’un gouvernement d’indépendants, dirigé par un ancien cadre du groupe Total. Des élections législatives et présidentielles devraient avoir lieu d’ici décembre, à condition que la situation économique et sociale totalement plombée ne provoque pas de débordements. A propos de : L’Exception tunisienne – Chronique d’une transition démocratique mouvementée, de Dominique Lagarde et Nicolas Beau, Seuil (2014). Écoutez le podcast…
« Les Arabes, leur destin et le nôtre » dans « Cultures d’islam » (France Culture, 3 janvier 2016)
Jean-Pierre Filiu est historien et arabisant, spécialiste de l’Islam contemporain. Professeur des universités à Sciences Po Paris, il y enseigne au sein de l’École des affaires internationales, après avoir été professeur invité aux États-Unis à l’université Columbia et à l’université de Georgetown. Depuis des décennies, l’actualité offre l’image d’un monde arabe sombrant dans la violence et le fanatisme. Comme si une malédiction frappait ces peuples, de l’interminable conflit israélo-palestinien aux guerres d’Irak et de Syrie, en passant par l’essor du jihadisme international. Jean-Pierre Filiu remonte à l’expédition de Bonaparte en Égypte, en 1798, pour nous offrir une autre histoire des Arabes. Une histoire intimement liée à la nôtre, celle de l’Occident, de l’Europe, de la France. Une histoire faite d’expéditions militaires et de colonisations brutales, de promesses trahies et de manœuvres diplomatiques, une histoire de soutien à des dictatures féroces ou à des régimes obscurantistes, mais tous riches en pétrole. Écoutez le podcast…
« Qui parle dans le Coran ? » dans « Cultures d’islam » (France Culture, 27 décembre 2015)
L’orthodoxie de lecture a fait de Mohammed le transmetteur passif de la parole incréée du locuteur divin. Contre cette simplification, Patrick Mégarbané vient nous faire entendre aujourd’hui un autre texte infiniment plus complexe – parcouru en réalité par une antinomie qui, comme toute antinomie qui se respecte, débouche sur une aporie. Entre locuteur divin et locuteur humain, entre parole de Dieu et voix du Prophète, mais aussi entre représentation d’une action humaine captive du vouloir divin et affirmation d’une vraie liberté de l’homme, la lettre même du texte sacré hésite et ne tranche jamais, laissant chacun de ses lecteurs courageux prendre la responsabilité personnelle d’un théisme ou d’un athéisme. Écoutez le podcast…