« Résistons collectivement à la haine » (Le Monde, 7 janvier 2015)

« C’est notre 11-Septembre. Il y a dans la vie d’un peuple des heures de défi. Des heures où la blessure que la haine nous inflige est si effroyable qu’elle voudrait être mortelle. Des heures d’effroi où cette blessure fait si mal, où l’horreur est si lourde à supporter que l’on sent, hélas !, la bête peureuse et dangereuse prête à se réveiller en soi…

« Lettre ouverte au monde musulman » (Marianne, 13 octobre 2014)

« Cher monde musulman, je suis un de tes fils éloignés qui te regarde du dehors et de loin – de ce pays de France où tant de tes enfants vivent aujourd’hui. Je te regarde avec mes yeux sévères de philosophe nourri depuis son enfance par le taçawwuf (soufisme) et par la pensée occidentale. Je te regarde donc à partir de ma position de barzakh, d’isthme entre les deux mers de l’Orient et de l’Occident !

« La laïcité ne doit pas devenir un tabou » (Le Monde, 22 octobre 2013)

« Pourquoi n’ai-je pas voté en faveur de l’avis rendu le 15 octobre par l’Observatoire national de la laïcité, dont je suis membre? Cet avis énonce que l’Observatoire ne se prononce pas en faveur d’une nouvelle loi, qui étendrait au secteur privé le principe de laïcité selon des modalités à définir. Une prudence excessive a prévalu quant à une « option législative » large visant l’ensemble du secteur privé. Il en a été de même, à un niveau plus restreint, pour les structures d’accueil de la petite enfance… cas de la crèche Baby-Loup, à laquelle je redis mon soutien.

« Baby loup : gare à ne pas couper la France en deux » (Le Monde, 28 mars 2013)

« Il convient de combler une vide juridique et de trouver la manière d’associer tout le monde, tous les espaces sociaux, secteur privé et service public, à cette responsabilité laïque. C’est par idéal républicain, et plus précisément par un souci libre de prendre sa part de responsabilité dans la promotion concrète de cet idéal, que la crèche privée Baby Loup s’est donné son règlement intérieur préconisant que ses personnels et son fonctionnement obéissent au principe d’une « neutralité philosophique, politique et confessionnel ».

« Merah, un monstre issu de la maladie de l’islam » (Le Monde, 23 mars 2012)

« Depuis que le tueur de Toulouse et Montauban a été identifié comme « salafiste djihadiste », c’est-à-dire comme fondamentaliste islamiste, le discours des dignitaires de l’islam de France a été de prévenir tout « amalgame » entre cette radicalité d’un individu et la « communauté » pacifique des musulmans de France. Cet appel au jugement différencié est nécessaire lors d’un événement comme celui-ci, parce qu’il suscite une vague d’émotion et d’indignation si puissante qu’elle risque d’abolir, dans un certain nombre d’esprits fragiles, toute capacité rationnelle à distinguer entre islam et islamisme, islam et violence, etc. Les dignitaires qui se sont exprimés ont donc assumé là une responsabilité indispensable pour la paix sociale, et nous pouvons espérer que leur parole contribue à éviter une aggravation de la défiance et des stigmatisations dont les musulmans de France restent souvent victimes.

« Il est urgent de mettre en œuvre une véritable pédagogie de la laïcité » (Le Monde, 20 décembre 2010)

« La République ne saurait se contenter d’imposer la neutralité par la seule loi. Pourquoi la laïcité républicaine éprouve-t-elle aujourd’hui tant de difficultés à se faire respecter dans les différents espaces publics ? Pourquoi notre République semble-t-elle désormais contrainte à garantir ce respect en multipliant les lois d’interdiction ? Pourquoi ce même respect de la laïcité doit-il être défendu par des décisions de justice, comme dans l’affaire récente de la crèche de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) ? La question de la laïcité ressemble de plus en plus à une nouvelle version de la « guerre des deux France ». L’Etat républicain semble en effet entraîné malgré lui dans une logique d’affrontement avec une forme de guérilla fondamentaliste qui pratique la provocation, le harcèlement, la pression diffuse et multiforme, en testant sans relâche les défenses de la laïcité.

« La lapidation, preuve extrême de la logique de violence de l’islam » (Le Monde, 30 août 2010)

« La monstrueuse condamnation d’une femme à la lapidation par la République islamique d’Iran donne encore une fois de l’islam une image catastrophique, celle d’une religion archaïque, violente et totalitaire. N’essayons pas en effet de dédouaner la religion islamique du meurtre programmé de Sakineh Mohammadi-Ashtiani en soutenant qu’il s’agit d’une décision politique. Le pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad se fonde sur une idéologie reconnue comme celle d’un islam fondamentaliste.

« La burqa, symptôme d’un malaise » (Le Monde, 23 janvier 2010)

« Le débat sur le port de la burqa a donné lieu ces dernières semaines à une multitude d’analyses, parmi lesquelles les plus pertinentes l’envisagent à l’intérieur du problème plus vaste posé par le développement d’un islam néoconservateur qui refuse le modèle occidental, ses valeurs et son mode de vie, et dont le terrain de fermentation dans notre pays est la condition sociale et économique de discrimination faite aux populations d’origine immigrée. Une frange de celles-ci trouverait ainsi dans l’adhésion à cet islam « dur », dont la burqa est l’une des expressions les plus radicales et minoritaires, l’opportunité d’exprimer son ressentiment et de se placer dans une logique de lutte contre ce qui est vécu comme une situation d’oppression.

« L’interdiction des minarets en Suisse va exacerber les tensions identitaires (Le Monde, 2 décembre 2009)

« A travers l’interdiction légale de la construction de minarets en Suisse, une grande peur est à l’œuvre, dont l’irrationalité doit être effectivement redoutée pour la dangerosité de ses conséquences possibles. « La seule chose dont il faut avoir peur, c’est de la peur elle-même », disait Roosevelt. Or il semble bien qu’à travers l’interdiction légale de la construction de minarets en Suisse, une grande peur soit à l’œuvre, dont l’irrationalité doit être effectivement redoutée pour la dangerosité de ses conséquences possibles.

« Aucune justification religieuse à la burqa » (Le Monde, 30 juin 2009)

« Il est désolant que des musulmans donnent une image aussi caricaturale de leur culture. Le port de la burqa (voile intégral) fait aujourd’hui en France l’objet d’un débat politique et public. Le premier élément de réflexion nécessaire porte sur la définition même de cette burqa. Il s’agit d’un voile intégral, formé d’une ou deux pièces qui recouvrent la totalité du corps, le visage compris, ne laissant voir que les yeux – le regard étant même le plus souvent dissimulé par une grille de tissu ou un voile plus fin. Il faut donc distinguer la burqa du simple voile (hidjab), qui ne couvre que la tête et parfois les épaules de certaines musulmanes, laissant le visage découvert, et qui peut être noué soit derrière la tête, soit devant. Il y a voile et voile.