« Représente-toi de la façon que voici, dit Socrate, l’état de notre nature relativement à l’instruction et à l’ignorance. Figure-toi des hommes dans une demeure souterraine, en forme de caverne, ayant sur toute sa largeur une entrée ouverte à la lumière. Ces hommes sont là depuis leur enfance, les jambes et le cou enchaînés, de sorte qu’ils ne peuvent bouger ni voir ailleurs que devant eux, la chaîne les empêchant de tourner la tête… » Les prisonniers ont passé leur vie à regarder les ombres projetées sur la paroi de la caverne. Or, selon Socrate, ces hommes « nous ressemblent », et je me demande si aujourd’hui ce n’est pas encore plus vrai qu’hier… Ne passons-nous pas en effet notre vie à regarder des ombres ? Sans arrêt, du matin au soir et depuis notre enfance, notre attention est capturée par les images de nos écrans. La consultation de nos mobiles est devenue compulsive. La navigation sur internet n’a pas de fin. Le bon vieux film d’autrefois s’est allongé démesurément en séries cultes pour les uns, en jeux vidéo pour les autres. Les chaînes d’info en continu nous tiennent en haleine devant le feuilleton interminable de l’actualité. Les activités numériques prennent chaque jour en moyenne quatre heures de notre temps… »