« Monsieur Macron, vous êtes probablement notre prochain président de la République. Je vous invite à exercer cette responsabilité suprême en vous rappelant constamment – comme cap majeur de votre action – ce qui a essayé de nous rassembler tous depuis les terribles attentats de janvier 2015 : le désir de fraternité. Le désir de « relire notre devise républicaine de droite à gauche », en commençant par une fraternité qui seule peut faire du désir de liberté et d’égalité autre chose qu’une revendication égoïste pour « ma » liberté ou l’égalité de « mes » droits ou de ceux de « ma » communauté… »
Politique
« Le génie français peut mourir » (L’Obs, 3 avril 2017)
« L’avenir de la France dépendra demain de sa capacité à réinventer son génie historique. Mais quel est-il justement, ce génie ? L’art de vivre à la française, par exemple, se reconnaît de l’Alsace au Pays basque, des Hauts-de-France à la Provence, alors même qu’il s’exprime dans des terroirs, des traditions, des ambiances, chacune profondément singulière. Nos valeurs fondatrices elles-mêmes – liberté, égalité, fraternité – réalisent cette conjonction mystérieuse de l’un et du multiple. Elles nous rassemblent autour d’un bien commun qui offre à chacun d’exprimer sa différence. La laïcité, de même, c’est l’unité garantie des mêmes droits et devoirs pour la diversité des athées, agnostiques, croyants… »
« La mécanique folle de l’individualisme » (L’Obs, 4 février 2017)
« Pourquoi aucun de nos candidats à l’élection présidentielle n’incarne-il l’avenir ? Ils sont restés enfermés dans le périmètre du politique tel que défini par les XIXe et XXe siècles… Libéralisme ? Étatisme ? Socialisme ? Souverainisme ? Nationalisme ? Ces catégories ne captent plus rien du monde que nous voudrions voir advenir. Ils ne soulèvent ni ne rassemblent plus aucune espérance collective. Le nouveau moteur de l’histoire est ailleurs. Du côté de ce qu’on avait cru exclu pour toujours de nos existences sociales et politiques : ce spirituel que la sécularisation avait relégué et confiné dans l’espace de la vie privée. Or, surprise, c’est bien lui qui soudain remonte irrésistiblement du fond de la société et du fond de nos âmes ! »
« Si j’étais président, on travaillerait 20 heures par semaine » (L’Obs, 9 janvier 2017)
« Quel bonheur de n’être pas candidat à l’élection présidentielle ! Imaginons ce qu’on ferait une fois élu sans s’abaisser au rituel de la fausse promesse ni être tenu par la sempiternelle question du réaliste et du réalisable. Moi, président, quelles seront mes priorités ? D’abord, nous ouvrirons avec mon équipe un grand chantier qui bouleversera notre rapport au travail. Nous réduirons le temps de travail à vingt heures hebdomadaires, avec la liberté pour chacun de travailler plus pour gagner plus et la garantie d’un salaire de 2.000 euros net par mois… »
« Notre jeunesse n’attend pas que Napoléon renaisse. Tant mieux ! » (L’Obs, 18 décembre 2016)
« Avez-vous entendu parler de Catastrophe ? Ce collectif d’une quinzaine de jeunes gens s’est exprimé en septembre par une spectaculaire tribune dans « Libération ». Le véritable manifeste d’une génération qui a grandi dans un tel champ de ruines idéologiques et d’oraisons funèbres de la civilisation qu’elle a décidé de prendre acte de cette fin de l’histoire occidentale. Et donc de faire sécession avec ce qui reste de la société léguée par les aînés… »
« Donald Trump élu : nos colères méritent mieux » (L’Obs, 20 novembre 2016)
« Que ça nous serve de leçon. Les États-Unis viennent de payer le prix de la colère populaire. Plus précisément de cette colère lorsqu’il n’y a plus pour l’entendre et pour la récupérer que les leaders populistes qui la traduisent en intolérance, repli sur soi, rejet de l’autre – Trump là-bas, Le Pen ici. J’ai beaucoup entendu gloser depuis quelques jours sur cette colère mais pas grand-monde pour dire ce qui me semble pourtant une évidence… »
« Sortir d’une démocratie à la Ponce Pilate » (L’Obs, 9 octobre 2016)
« Pour réenchanter la société, le pouvoir doit être animé par l’ambition d’encourager, d’alimenter la capacité à faire des citoyens. » Cette phrase prononcée il y a quelques années par le socialiste Michel Dinet, promoteur de la décentralisation, devrait nous interpeller de manière particulièrement urgente. L’indifférence, la défiance et le rejet qui s’expriment à l’égard de la classe politique démontrent que nous avons depuis trop longtemps oublié de nous poser ensemble ce type de question… »