« Au sujet du procès d’Abdelkader Merah, l’avocat Alain Jakubowicz amorçait la semaine dernière dans « le Monde » une réflexion qui mérite d’être développée. Il écrivait que « ce n’est pas à la justice de régler le terrible sujet du terrorisme islamique qui frappe notre société. Quelle que soit la peine qui sera in fine infligée à Abdelkader Merah, le problème demeurera entier si on ne s’attaque pas aux racines du mal ». Les « racines du mal », exactement l’expression que j’avais employée dans ma « Lettre ouverte au monde musulman » pour l’appeler à passer d’urgence – face au dogmatisme et au radicalisme qui le gangrènent – du réflexe de l’autodéfense à la responsabilité de l’autocritique. La racine du mal terroriste, c’est l’état général d’une civilisation et d’une culture dans lesquelles une religion pourtant malade de son immobilisme, de son intolérance, de son machisme, veut faire la loi du sommet de l’État jusqu’à la morale personnelle en passant par l’ordre social… »
Islam & Spiritualité
« En finir avec le 11-Septembre » (L’Obs, 18 août 2017)
« À l’orée d’une rentrée qui inaugure pour nous une nouvelle année politique, médiatique, sociale, une question me taraude : allons-nous enfin sortir de la phase ouverte depuis plus de quinze ans par l’attentat du 11 septembre 2001 contre les Tours jumelles ? De cette phase maudite de tension toujours plus grande, ici dans nos sociétés occidentales, entre les musulmans et l’opinion publique ? Le fossé d’incompréhension, de rejet et de repli va-t-il commencer à se combler ? Il serait temps que la crise se termine, que l’envie de vivre ensemble reprenne enfin le dessus, que les femmes et les hommes de bonne volonté l’emportent des deux côtés ; face à ceux qui se servent de la religion comme d’une arme, d’une armure ou d’un mur pour se couper des autres, et pour s’enfermer eux-mêmes dans des croyances figées ; face à ceux qui se servent des valeurs de notre pays – et de sa laïcité – comme d’un bouclier et d’un bélier pour bouter le musulman hors de France, et lui refuser l’appartenance à notre société.
« Nul besoin d’aller à la mosquée » (L’Obs, 12 mars 2017)
« Je lis dans le livre de Didier Leschi Misère(s) de l’islam de France ce reproche à « l’intellectuel musulman » : « A l’instar d’un Georges Bernanos qui allait à la messe, se confessait et communiait, nous aimerions que ledit intellectuel musulman se rende à la mosquée, qu’il relate dans un magazine le choc spirituel que lui aurait causé son pèlerinage à La Mecque et qu’il publie, dans un même élan, un libelle intitulé Les Grands Cimetières sous les dunes qui, partant d’une lecture généreuse du Coran, ferait date dans la critique de ces sociétés qui renvoient la majeure partie de l’humanité au sort peu enviable de mécréants. »
« Islamique, islamiste : la fâcheuse confusion de François Fillon » (L’Obs, 2 décembre 2016)
« J’ai lu attentivement le livre de François Fillon « Vaincre le totalitarisme islamique ». Une question m’a très vite accompagné. Pourquoi « islamique » dans le titre puis « islamiste » dans le livre lui-même ? Page 48, plus précisément : « Si je parle de totalitarisme islamiste, c’est en connaissance de cause et non pour faire rouler ces mots dans ma bouche. » Le diable est dans les détails, surtout quand on parle de religion… »
« L’islam, miroir de la crise » (L’Obs, 6 novembre 2016)
« Pourquoi l’islam a-t-il pris cette place centrale dans nos débats publics ? S’il nous interroge et nous déstabilise autant, c’est peut-être qu’il est le meilleur révélateur de notre crise d’identité. Nous avons abdiqué la volonté de nous rassembler autour de valeurs, d’un sacré et de toute idée d’un bien commun, face à deux forces de dissolution que nous avons laissées tout emporter sur leur passage… »
« Le retour du spirituel pour le meilleur et pour le pire » (L’Obs, 24 septembre 2016)
« Nous y voilà. Après deux siècles de reflux, la mer du spirituel remonte. Pour le meilleur et pour le pire. Le pire de pulsions obscurantistes dont les religions n’ont pas réussi à se débarrasser : intolérance et superstitions ; empire de la soumission de la créature à Dieu, de l’individu au groupe, du fidèle au clerc, et trop souvent de la femme à l’homme. Et une radicalité de tous les intégrismes où s’exprime le désarroi d’agonie de systèmes saisis par la terreur de se voir inexorablement mourir… »
« Faites confiance à l’Islam des Lumières ! » (Libération, 29 août 2016)
« De quoi les musulmans de France ont-ils besoin ? D’être représentés, au plus haut niveau, par des personnalités conciliant la double culture. Alors que Jean-Pierre Chevènement est pressenti pour diriger la Fondation pour les œuvres de l’islam de France, il est urgent de donner la parole aux hérauts d’un islam régénéré… »
« C’est aux musulmans de faire sortir de leurs rangs des femmes et hommes qui incarnent l’alliance réussie de leurs cultures française et islamique » (Le Monde, 11 avril 2016)
« Que faire si l’on ne veut pas que le salafisme domine dans l’islam de France ? Les solutions sont multiples afin de lutter efficacement – c’est de notre responsabilité – contre cette idéologie du prétendu retour à l’islam des origines, qui se caractérise par des signes reconnaissables : une représentation de l’islam comme « vérité absolue » supérieure à toute autre vision du monde ; une conception de la religion comme « totale », qui doit gouverner aussi bien la vie privée que la vie sociale et politique ; une prétendue fidélité au « noyau originel » de la prédication de Mohammed.
« Les musulmans doivent passer à la responsabilité de l’autocritique » (FigaroVox, 19 novembre 2015)
« Suite aux attentats effroyables de Paris, il y a un piège dans lequel nous ne devons pas tomber: la stratégie claire de Daesh est de provoquer le chaos dans la société française en alimentant la peur, qui va nourrir le vote d’extrême droite. Au-delà, c’est le risque que partout en Europe ces attentats aggravent encore la suspicion et le rejet à l’égard de nos concitoyens musulmans en provoquant une flambée de l’intolérance et de la haine… »
« La seule force de Daesh est de profiter de nos faiblesses » (Le Soir, 19 novembre 2015)
« Suite aux attentats effroyables de Paris, il y a un piège dans lequel nous ne devons pas tomber : la stratégie claire de Daesh est de provoquer le chaos dans la société française en alimentant la peur, qui va nourrir le vote d’extrême droite. Au-delà, c’est le risque que partout en Europe ces attentats aggravent encore la suspicion et le rejet à l’égard de nos concitoyens musulmans en provoquant une flambée de l’intolérance et de la haine… »