« Pensée vivante de l’immortalité. Mohammed Iqbal » (« Réenchanter l’islam. Les voies du renouveau », Le Monde des Religions, hors-série n° 87, 27 décembre 2017)

« Mohammed Iqbal propose une vie spirituelle qui enrichit le « moi » humain jusqu’à la prise de conscience de sa divinité intime. Mohammed Iqbal (1873-1938) est à peu près inconnu en France, tant du grand public que de nos intellectuels et de la plupart des musulmans. Il est pourtant l’un des plus grands philosophes et poètes du monde musulman de l’âge moderne. On ne réparera pas ici cette ignorance fâcheuse. Mais essayons tout de même de donner une petite idée de l’originalité de sa pensée en présentant l’un des « grands chantiers » qu’il a laissés ouverts pour quiconque veut s’engager dans une pensée renouvelée de l’islam, débarrassée de ses rigidités dogmatiques et de ses pesanteurs historiques. En l’occurrence, intéressons-nous ici à sa pensée de l’immortalité. On la trouve explicitée dans Reconstruire la pensée religieuse de l’islam, une série de conférences prononcées entre 1928 et 1932.

« Le champ de bataille de la laïcité » (L’Obs, 8 décembre 2017)

« L’arrêt récent de la Cour de Cassation relatif au port de signes religieux dans l’entreprise vient relancer le débat français. Cette décision confirme qu’une entreprise peut interdire à ses salariés d’afficher leurs signes d’appartenance religieuse mais à deux conditions : que le salarié ait un contact avec la clientèle, et que la règle d’interdiction figure explicitement dans le règlement intérieur. Les deux « camps » qui se sont formés ces dernières années sur le sujet de la laïcité auront bien sûr une interprétation diamétralement opposée : les uns se réjouiront au motif que la laïcité conquiert un nouveau territoire, les autres déploreront la timidité de la Cour. Ne peut-on pas se réjouir tout de même qu’enfin l’entreprise privée ne soit plus en position d’extraterritorialité vis-à-vis des principes et valeurs de la République ? Beaucoup de discussions en perspective, donc, autour d’une laïcité dont on peut déplorer qu’elle soit devenue ces dernières années en France un tel champ de bataille… »

« Pour des états généraux de la pensée de l’islam » (Libération, 22 novembre 2017)

« Plutôt que de se perdre en polémiques vaines et clivantes sur Tariq Ramadan, pourquoi ne pas parler vraiment de l’islam, qui est aussi une façon d’aborder la question de l’égalité ? A l’université et pourquoi pas au Collège de France. Chaque jour, j’ai vu le débat Charlie vs Mediapart attiser une guerre des gauches derrière laquelle disparaît presque complètement la question de l’islam de France. Quelle misère ! Tout au plus cette question pourtant cruciale est-elle prise en otage du conflit… Mais comment peut-on se permettre ainsi de passer encore et toujours à côté du sujet « islam », alors que de son traitement dépend en grande partie désormais l’avenir de la France ?

« Affaire Ramadan : « Nous restons tragiquement aveugles aux “racines du mal” de l’islamisme » (Le Monde, 14 novembre 2017)

« Combien de temps encore ?

L’affaire Tariq Ramadan est atterrante à bien des égards. Comment se fait-il qu’il ait fallu attendre le scandale d’accusations de violences sexuelles pour qu’enfin nos élites s’interrogent sérieusement sur le personnage ? Depuis quinze ans, j’ai eu plus que le temps de vérifier l’incapacité quasi systématique de nos médias, de notre classe politique, de la plupart de nos « grands » intellectuels à comprendre en profondeur les questions posées par l’islam. Cette intelligentsia se signale à peu près unanimement par son inculture sur le sujet, et, tandis qu’elle est si intelligente par ailleurs, voilà qu’ici elle n’arrive qu’à se partager benoîtement entre ceux qui considèrent le musulman comme le nouveau damné de la terre et, à l’autre extrême, ceux qui mélangent allègrement islam et islamisme sans s’en apercevoir… alors même parfois qu’ils croient être en train de distinguer les deux !

« La racine du mal terroriste » (L’Obs, 8 novembre 2017)

« Au sujet du procès d’Abdelkader Merah, l’avocat Alain Jakubowicz amorçait la semaine dernière dans « le Monde » une réflexion qui mérite d’être développée. Il écrivait que « ce n’est pas à la justice de régler le terrible sujet du terrorisme islamique qui frappe notre société. Quelle que soit la peine qui sera in fine infligée à Abdelkader Merah, le problème demeurera entier si on ne s’attaque pas aux racines du mal ». Les « racines du mal », exactement l’expression que j’avais employée dans ma « Lettre ouverte au monde musulman » pour l’appeler à passer d’urgence – face au dogmatisme et au radicalisme qui le gangrènent – du réflexe de l’autodéfense à la responsabilité de l’autocritique. La racine du mal terroriste, c’est l’état général d’une civilisation et d’une culture dans lesquelles une religion pourtant malade de son immobilisme, de son intolérance, de son machisme, veut faire la loi du sommet de l’État jusqu’à la morale personnelle en passant par l’ordre social… »

« Après les attentats et face aux divisions sociales, voici ce que doit être le grand changement du XXIe siècle » (Huffpost, 16 octobre 2017)

« La seconde édition du mouvement Fraternité Générale vient de s’achever. Pendant trois jours (13-15 octobre), elle a rendu visible la force, le nombre et la diversité des engagements fraternels dans notre pays : plusieurs centaines d’événements organisés partout en France (débats, concerts, manifestations culturelles, etc.) ont permis de montrer la vitalité de toutes les associations, institutions, fondations qui œuvrent au long cours pour une société moins égoïste et plus solidaire, moins repliée sur elle-même et plus ouverte. À Carcassonne, ce sont 2000 enfants des écoles qui en se donnant la main ont ceint les remparts de pierre d’un rempart humain fraternel. En mettant ainsi leurs cœurs dans leurs mains, ils ont été le point d’orgue d’une immense mobilisation de la jeunesse, symbolisée aussi par la participation d’associations phares comme Coexister ou le Tour de France des solidarités du Youtubeur star Hugo Travers… »

« Pourquoi le nationalisme progresse ? » (L’Obs, 12 octobre 2017)

« Du haut de leur Olympe politico-économique, nos gouvernants apparaissent incapables d’entendre les angoisses et aspirations qui montent du peuple. Volonté d’autodétermination en Catalogne, référendum d’indépendance en Écosse, Brexit, montée politique des souverainismes et nationalismes, que se passe-t-il depuis quelques années en Europe, et au-delà ? Une certaine identité catalane, écossaise, britannique, française, allemande, autrichienne, hongroise, etc., se sent menacée partout où elle se retrouve mélangée à d’autres. Elle perçoit l’altérité comme altération. Elle considère la vie avec l’autre non pas comme enrichissement, mais comme perte de soi – de sa culture, de son histoire, de la maîtrise de son destin. Elle se persuade peu à peu que l’immigré, le migrant, sont des envahisseurs, que ses propres concitoyens d’une région plus pauvre sont des assistés, que l’État national est un vampire qui boit le sang de ses provinces, que l’Europe est le grand bain dissolvant du génie et de la liberté de ses peuples… »