« Qu’allez-vous faire M. Macron contre les fractures de notre société ? » (L’Obs, 26 avril 2017)

« Monsieur Macron, vous êtes probablement notre prochain président de la République. Je vous invite à exercer cette responsabilité suprême en vous rappelant constamment – comme cap majeur de votre action – ce qui a essayé de nous rassembler tous depuis les terribles attentats de janvier 2015 : le désir de fraternité. Le désir de « relire notre devise républicaine de droite à gauche », en commençant par une fraternité qui seule peut faire du désir de liberté et d’égalité autre chose qu’une revendication égoïste pour « ma » liberté ou l’égalité de « mes » droits ou de ceux de « ma » communauté… »

« Le génie français peut mourir » (L’Obs, 3 avril 2017)

« L’avenir de la France dépendra demain de sa capacité à réinventer son génie historique. Mais quel est-il justement, ce génie ? L’art de vivre à la française, par exemple, se reconnaît de l’Alsace au Pays basque, des Hauts-de-France à la Provence, alors même qu’il s’exprime dans des terroirs, des traditions, des ambiances, chacune profondément singulière. Nos valeurs fondatrices elles-mêmes – liberté, égalité, fraternité – réalisent cette conjonction mystérieuse de l’un et du multiple. Elles nous rassemblent autour d’un bien commun qui offre à chacun d’exprimer sa différence. La laïcité, de même, c’est l’unité garantie des mêmes droits et devoirs pour la diversité des athées, agnostiques, croyants… »

« Nul besoin d’aller à la mosquée » (L’Obs, 12 mars 2017)

« Je lis dans le livre de Didier Leschi Misère(s) de l’islam de France ce reproche à « l’intellectuel musulman » : « A l’instar d’un Georges Bernanos qui allait à la messe, se confessait et communiait, nous aimerions que ledit intellectuel musulman se rende à la mosquée, qu’il relate dans un magazine le choc spirituel que lui aurait causé son pèlerinage à La Mecque et qu’il publie, dans un même élan, un libelle intitulé Les Grands Cimetières sous les dunes qui, partant d’une lecture généreuse du Coran, ferait date dans la critique de ces sociétés qui renvoient la majeure partie de l’humanité au sort peu enviable de mécréants. »

« La mécanique folle de l’individualisme » (L’Obs, 4 février 2017)

« Pourquoi aucun de nos candidats à l’élection présidentielle n’incarne-il l’avenir ? Ils sont restés enfermés dans le périmètre du politique tel que défini par les XIXe et XXe siècles… Libéralisme ? Étatisme ? Socialisme ? Souverainisme ? Nationalisme ? Ces catégories ne captent plus rien du monde que nous voudrions voir advenir. Ils ne soulèvent ni ne rassemblent plus aucune espérance collective. Le nouveau moteur de l’histoire est ailleurs. Du côté de ce qu’on avait cru exclu pour toujours de nos existences sociales et politiques : ce spirituel que la sécularisation avait relégué et confiné dans l’espace de la vie privée. Or, surprise, c’est bien lui qui soudain remonte irrésistiblement du fond de la société et du fond de nos âmes ! »

« Si j’étais président, on travaillerait 20 heures par semaine » (L’Obs, 9 janvier 2017)

« Quel bonheur de n’être pas candidat à l’élection présidentielle ! Imaginons ce qu’on ferait une fois élu sans s’abaisser au rituel de la fausse promesse ni être tenu par la sempiternelle question du réaliste et du réalisable. Moi, président, quelles seront mes priorités ? D’abord, nous ouvrirons avec mon équipe un grand chantier qui bouleversera notre rapport au travail. Nous réduirons le temps de travail à vingt heures hebdomadaires, avec la liberté pour chacun de travailler plus pour gagner plus et la garantie d’un salaire de 2.000 euros net par mois… »

« Notre jeunesse n’attend pas que Napoléon renaisse. Tant mieux ! » (L’Obs, 18 décembre 2016)

« Avez-vous entendu parler de Catastrophe ? Ce collectif d’une quinzaine de jeunes gens s’est exprimé en septembre par une spectaculaire tribune dans « Libération ». Le véritable manifeste d’une génération qui a grandi dans un tel champ de ruines idéologiques et d’oraisons funèbres de la civilisation qu’elle a décidé de prendre acte de cette fin de l’histoire occidentale. Et donc de faire sécession avec ce qui reste de la société léguée par les aînés… »

« Islamique, islamiste : la fâcheuse confusion de François Fillon » (L’Obs, 2 décembre 2016)

« J’ai lu attentivement le livre de François Fillon « Vaincre le totalitarisme islamique ». Une question m’a très vite accompagné. Pourquoi « islamique » dans le titre puis « islamiste » dans le livre lui-même ? Page 48, plus précisément : « Si je parle de totalitarisme islamiste, c’est en connaissance de cause et non pour faire rouler ces mots dans ma bouche. » Le diable est dans les détails, surtout quand on parle de religion… »

« Quelle sagesse, au présent et au futur, pour une humanité en mutation ? » (La Revue du Cube #11 spécial, « Faire Société – Quel sens ? », décembre 2016)

« Dans Comment sortir de la religion, publié en 2012, je proposais de considérer tout ce qui nous arrive aujourd’hui du côté de l’augmentation de nos « puissances » comme une mutation de la condition humaine : l’accès à ce que les religions et mythologies ont décrit de tous temps comme une « condition divine », qui n’aurait donc été que l’anticipation imagée du processus historique de notre évolution. Le problème, pour l’instant, est que nous ressemblons à de jeunes dieux fous enivrés, fascinés et dépassés par la nouvelle toute-puissance qui commence à tomber entre nos mains… »

« Donald Trump élu : nos colères méritent mieux » (L’Obs, 20 novembre 2016)

« Que ça nous serve de leçon. Les États-Unis viennent de payer le prix de la colère populaire. Plus précisément de cette colère lorsqu’il n’y a plus pour l’entendre et pour la récupérer que les leaders populistes qui la traduisent en intolérance, repli sur soi, rejet de l’autre – Trump là-bas, Le Pen ici. J’ai beaucoup entendu gloser depuis quelques jours sur cette colère mais pas grand-monde pour dire ce qui me semble pourtant une évidence… »

« L’islam, miroir de la crise » (L’Obs, 6 novembre 2016)

« Pourquoi l’islam a-t-il pris cette place centrale dans nos débats publics ? S’il nous interroge et nous déstabilise autant, c’est peut-être qu’il est le meilleur révélateur de notre crise d’identité. Nous avons abdiqué la volonté de nous rassembler autour de valeurs, d’un sacré et de toute idée d’un bien commun, face à deux forces de dissolution que nous avons laissées tout emporter sur leur passage… »